Le lion
Le
lion (
Panthera leo) est une
espèce de
mammifères carnivores de la
famille des
félidés. La femelle du lion est la
lionne, son petit est le
lionceau. Le mâle adulte, aisément reconnaissable à son importante
crinière, accuse une masse moyenne qui peut être variable selon les zones géographiques où il se trouve, allant de
180 kg pour les lions de Kruger à
230 kg pour les lions de Transvaal. Certains spécimens très rares peuvent dépasser exceptionnellement
250 kg. Un mâle adulte se nourrit de
7 kg de viande chaque jour contre
5 kg chez la
femelle. Le lion est un animal
grégaire, c'est-à-dire qu'il vit en larges groupes familiaux, contrairement aux autres
félins. Son espérance de vie, à l'
état sauvage, est comprise entre 7 et
12 ans pour le mâle et 14 à
20 ans pour la femelle, mais il dépasse fréquemment les
30 ans en captivité.
Le lion mâle ne chasse qu'occasionnellement, il est chargé de
combattre les intrusions sur le territoire et les menaces contre la
troupe. Le lion
rugit. Il n'existe actuellement à l'état sauvage plus que 16 500 à 30 000 individus dans la
savane africaine, répartis en une dizaine de sous-espèces et environ 300 au
parc national de Gir Forest dans le nord-ouest de l'
Inde. Il est surnommé « le
roi des animaux » car sa crinière lui donne un aspect semblable au
Soleil, qui apparaît comme « le roi des astres »
Biométrie
Le lion est le deuxième plus grand
félidé, après le
tigre, et ainsi le plus grand
carnivore d'Afrique. Un
mâle mesure de 172 à
250 centimètres de long
1 du bout du museau à la base de la queue et possède une queue d’en moyenne
90 centimètres2. Les mâles atteignent une masse comprise entre 140 et 215 kilogrammes à l'âge adulte
2. La lionne adulte mesure de 158 à
192 centimètres1 sans la queue et possède une queue mesurant environ
85 centimètres. Elles pèsent entre 110 et 170 kilogrammes
2 et ont une corpulence en moyenne 20 à 50 % moins importante que celle d'un mâle
3.
Ayant une taille au garrot pouvant varier de 100–128 cm
1,
les lions ont une taille à l'épaule plus importante que celle des
tigres mais sont moins longs que ces derniers. Si une taille de
189–300 cm
4 du bout du museau à la base de la queue a souvent été évoqué pour le tigre, il est actuellement admis que le
tigre est au maximum de
30 cm plus long que le lion soit une longueur de
2,80 m5 du bout du museau à la base de la queue. Les plus grands lions vivent dans le sud de l’
Afrique, les plus petits en
Asie. Le record du monde dans la vie sauvage est détenu par un
lion du Transvaal de
313 kg6.
Les lions en captivité ont tendance à être plus gros que les lions
vivant dans la nature, dans certains cas, les lions ont atteint en
captivité un poids de
375 kg, notamment le célèbre lion à crinière noire « Simba » du zoo de
Colchester en
Angleterre dont la masse a été reconnue par le
Livre Guinness des records7,8.
Tête
Portrait de deux mâles et d'une femelle, dans la réserve du Masaï-Mara, au
Kenya
Avec une longueur de crâne de 26,7 à
42 cm9 en moyenne, il est généralement admis que c'est le lion qui possède la plus grande longueur de crâne parmi les grands félins
9 devançant ainsi dans ce domaine le
tigre de Sibérie qui est la sous espèce de tigre ayant le crâne le plus imposant avec une longueur en moyenne de 25,3 à
38 cm9 environ.
Les lions ont des yeux ambre voire jaunes et une truffe noire. Leurs
oreilles, couleur sable, sont arrondies. Ils possèdent des griffes
rétractiles qui sont protégées par des fourreaux de chair. Leurs canines
peuvent atteindre six centimètres de long
3.
Leur langue est recouverte de papilles cornées recourbées leur
permettant de saisir la nourriture, mais aussi de se débarrasser des
parasites.
Crinière
Les mâles possèdent une longue
crinière, le plus souvent brun foncé, mais également dans certains cas, noire, brun clair ou fauve. Les lions du parc national du
Tsavo,
sont quant à eux dépourvus de crinières. La crinière apparaît vers
l'âge de trois ans et s'étend des joues jusqu'au-dessus des épaules,
quelquefois aussi sur le ventre et sur la poitrine. La forme et la
couleur des mâles peuvent varier non seulement entre les individus, mais
également chez un même individu au cours de sa vie en fonction de sa
constitution physique.
Une crinière longue et foncée est un indicateur d'une bonne
constitution et d'une grande force de combat, car le statut hormonal et
la
nutrition ont des conséquences sur l'épaisseur ainsi que sur la longueur de la crinière
10.
Des examens expérimentaux avec des crinières empaillées ont montré que
les femelles réagissent positivement aux modèles avec une crinière
longue et sombre, et que les mâles évitent les modèles aux crinières
prononcées. L'explication en est qu'une crinière foncée et épaisse
constitue un handicap, car elle capte et conserve la chaleur. Les mâles
ainsi
handicapés, mais néanmoins « survivants », se révèlent donc être les porteurs de meilleurs gènes. Cela est avéré par le fait qu'un
animal
affaibli d'une manière ou d'une autre présente une crinière plus claire
et moins importante (des changements d'aspect de la crinière ont été
observés chez un même individu au cours du temps)
11.
En pratique, la crinière pourrait être une protection contre les coups de griffes lors de combats contre des mâles rivaux.
Par ailleurs, les dernières recherches ont également prouvé que la
température a aussi un effet important sur la longueur de la crinière,
et les mâles de régions plus froides, même indépendamment de leur
sous-espèce, forment une crinière plus importante que ceux vivant dans
des régions très chaudes. Ainsi, les individus mâles des zoos de régions
au climat plus continental forment le plus souvent une crinière bien
plus importante que celle de leurs congénères restés dans des pays plus
chauds
11,12.
Chez les lions d'Asie, ainsi que certains spécimens d'
Afrique de l'Ouest (au parc de la Pendjari au
Bénin,
par exemple), la crinière est clairement moins prononcée que chez leurs
cousins d'Afrique, les poils ont la particularité d'être également plus
fins.
Vibrisses
Tout comme les autres félins, le lion a de nombreuses moustaches épaisses, également connues sous le nom de
vibrisses.
Ces longs poils sensibles aux vibrations aident le lion à se diriger
dans l'obscurité, ou quand son champ visuel est obstrué. La majeure
partie de sa chasse se déroulant la nuit, ils l'aident presque à
« sentir » son chemin dans l'obscurité, le nez vers le ciel. Les plus
longues moustaches sont sur sa lèvre supérieure ; ce sont les vibrisses
mystaciales. Les moustaches au-dessus des yeux sont appelées les
vibrisses superciliaires. Il y a également des vibrisses sur l'une ou
l'autre joue, appelées les vibrisses géniales. Les vibrisses peuvent se
développer non seulement sur le visage, mais aussi bien sur le dos des
pattes : ces dernières sont appelées poils de carpelle et sont utilisées
pour ressentir des vibrations terrestres
13.
Il est possible d'identifier les lions en dénombrant les points noirs
qui mouchettent leur peau au-dessus de leurs babines, à la base des
poils de leurs moustaches.
Corps
Les lions ont une musculature imposante et très développée. Leur
corps est allongé et trapu sur d'épaisses pattes musclées. Celles-ci
permettent de mettre à terre des proies pouvant faire plusieurs fois
leur propre taille. Leur mâchoire est puissante pour être capable de
déchirer l'épaisse peau des proies (telles que les
gnous),
et pour rester accrochée sur une proie qui chercherait à faire tomber
le prédateur de son dos. Les muscles des pattes sont également capables
d'infliger de sérieux dommages. Un grand coup de patte d'un lion est
assez puissant pour provoquer la rupture des organes internes et même
pour casser des os
13.
Couleur du pelage
Leur
pelage
court est de couleur sable, jaune-or ou ocre foncé. La face intérieure
des pattes est toujours plus claire, tout comme le ventre, chamoisé chez
le mâle, presque blanc chez la femelle. Les jeunes lionceaux ont des
taches sombres sur l'ensemble du corps, mais qui disparaissent déjà au
cours de la première année. Dans des cas très rares, ces taches restent
encore visibles à l'âge adulte, mais demeurent insignifiantes, n'étant
visibles que de près
3.
Comme chez les
tigres, il existe chez les lions des cas occasionnels de
leucistisme ; moins d'une centaine de spécimens
14 dans le monde possèdent cette particularité génétique due à un
gène récessif, qui donne une couleur blonde, crème voire
blanche au pelage. Le leucistisme est différent de l’
albinisme, et ne pose aucun problème direct sur la physiologie de l'animal
Note 1.
Les yeux conservent leurs pigments et restent le plus souvent de
couleur normale (noisette ou or), mais peuvent également être bleu-gris
ou vert-gris. Les lèvres et les
coussinets restent également normalement pigmentés.
Chez le mâle leucistique, la crinière ainsi que l'extrémité de la
queue, normalement sombres voire noires, sont très pâles. Les spécimens
les plus connus sont sans doute les lions blancs de Timbavati en
Afrique du Sud, où deux lions blancs sont nés d'une lionne et d'un lion de couleur fauve dans une réserve naturelle privée
15.
Chris McBride a été le premier à les observer en octobre
1975 et a écrit deux livres sur le sujet
16,17. En
2005, deux lionceaux au pelage blanc et aux yeux bleus sont nés dans un parc zoologique à proximité d'
Agen14 et quatre au
parc zoologique de Jurques, près de
Caen, le 20 mai
2007, de deux parents blancs également
18. Le
zoo de Beauval dans le
Loir-et-Cher fut le premier parc
français à présenter un couple de lions blancs au public
19.
Il n'existe aucune preuve tangible de l’existence de lions
mélaniques (noir)
20.
Excroissance caudale
Le plus étonnant chez les lions est leur queue se terminant par un
pinceau de poils noirs ; non seulement cette dernière est indispensable
contre les
mouches, mais à l'extrémité se trouve une vertèbre non développée, découverte par
Didyme d'Alexandrie.
Ce dernier trouva à l'extrémité de la queue, caché au milieu des poils,
un ergot corné noirâtre, et il supposa que c'était là l'organe qui,
lorsque le lion, au moment du danger, agitait violemment sa queue, lui
piquait les flancs à la manière d'un
éperon
et l'excitait à se jeter sur ses ennemis. Cette observation passa
presque inaperçue, et soit que les naturalistes modernes n'en eussent
pas connaissance, soit qu'ils la révoquassent en doute, aucun d'eux n'en
parla jusqu'à
Johann Friedrich Blumenbach,
qui confirma l'exactitude du fait anatomique rapporté par Didyme, mais
sans adopter l'opinion de celui-ci relative aux usages de cette partie.
Tout à l'extrémité de la queue du lion, l'ergot noirâtre de consistance cornée, de 8 à
11 mm de longueur, est entouré à sa base par un repli annulaire de la peau et adhère fermement à un
follicule
unique d'apparence glanduleuse ; la couleur est celle de la corne,
devenant d'ailleurs de plus en plus obscure, jusqu'à l'extrémité qui est
presque noire. Il est comprimé latéralement dans toute son étendue ;
droit depuis la pointe jusqu'au tiers de sa longueur, il se coude
légèrement en ce point, qui est marqué par une faible dépression ; à
partir de cette courbure, il s'élargit rapidement jusqu'à sa base. Ces
parties, si petites, et la pointe cornée sont littéralement ensevelies
au milieu de la touffe terminale de la queue.
Gérard Paul Deshayes, en
1829,
décrit cette partie comme une sorte d'ongle ou de production cornée
ayant la forme d'un cône un peu recourbé vers la pointe, adhérant par sa
base à la peau seulement, et non à la dernière
vertèbre caudale, dont il est séparé de 4 à
6 mm.
Cet ergot peut être assez facilement détaché, l'adhérence n'est pas
bien forte et il reste mou à sa base dans toute la partie qui adhérait à
la
peau. Il manque fréquemment sur les spécimens ; la présence de cet organe semble cependant indépendante de l'âge ainsi que du sexe
21.
Performances physiques
Il est communément admis que les lionnes sont plus rapides que les mâles et peuvent atteindre des vitesses maximales proches de
60 km/h22,23,
mais cette vitesse ne peut être maintenue que sur de faibles distances.
Très musclés et longs, ils peuvent faire des sauts remarquables, de
l'ordre de
3,70 mètres en hauteur et
11 mètres de longueur
24.
Taxinomie
Phylogenèse
Schéma du squelette d'un lion des cavernes
La
phylogenèse est l'étude de l'apparition et de la formation d'une espèce grâce à des fossiles. Le plus ancien
fossile de lion a été découvert à
Laetoli en
Tanzanie ; d'après les datations, il aurait probablement 3,5
Ma.
Panthera leo est identifié pour la première fois en
Europe, sur le site
italien d'
Isernia, par le fossile d'un
lion des cavernes primitif (
Panthera leo fossilis) âgé de plus de 700 000 ans. Une mâchoire inférieure de lion des
gorges d'Olduvai au
Kenya,
plus vieille de 1,75 Ma, montre des ressemblances frappantes avec le
lion des cavernes primitif. Ceux-ci sont considérés comme les plus
grands lions d'Europe et ont chassé pendant l'
interglaciaire cromérien, il y a plus de 500 000 ans, près de
Wiesbaden en
Hesse et près de
Heidelberg dans le
Bade-Wurtemberg. Quelques spécimens étaient presque aussi longs que les plus grands lions de l'
histoire de la Terre, les
lions américains (
Panthera leo atrox) de Californie qui ont atteint un record de longueur : jusqu'à
3,60 mètres de long avec la queue (longueur hors queue, environ
2,40 mètres).
La plupart des découvertes de lions en Europe sont des
lions des cavernes (
Panthera leo spelaea) ; apparus lors de la
période glaciaire de Mindel,
ils correspondent à une évolution des lions des cavernes primitifs.
Bien qu'il ne soit spécialement apparenté avec aucune des sous-espèces
actuelles, les études sur l'
ADN ont confirmé que le lion des cavernes était un lion authentique
25. Une autre sous-espèce a vécu, quant à elle, en Asie nord-orientale, en
Béringie (au niveau de l'actuel
détroit de Béring), appelée lion de Sibérie orientale et de Béringie (
Panthera leo vereshchagini). En Europe centrale, Asie du Nord et en Amérique, les lions étaient, jusqu'à la fin du
Pléistocène, une espèce fréquente de la faune locale, mais disparurent à la fin de la
dernière période de glaciation.
Sous-espèces
Sous-espèces modernes
Douze sous-espèces étaient traditionnellement reconnues, la plus grande étant le
lion de l'Atlas disparu de la nature au cours du
XXe siècle
mais qui existe encore en captivité. Les différences majeures entre ces
différentes subdivisions de l'espèce étaient la localisation et la
taille de la crinière et du corps : la plupart de ces formes
anciennement décrites sont à présent considérées comme invalides car ne
prenant pas en compte la variabilité naturelle entre les individus. De
plus, certaines descriptions de sous-espèces étaient basées sur des
spécimens détenus par des zoos, dont l'origine n'était pas toujours
certaines
26. En
2004, seules huit sous-espèces sont reconnues
27,28,29,Note 2 ; parmi les sept sous-espèces africaines proposées, le
lion du Cap (
Panthera leo melanochaita) est probablement non valide
27.
- Le lion d'Afrique (Panthera leo leo) : auparavant répandu dans toute l'Afrique, il ne se trouve à présent qu'à partir du sud du Sahara jusqu'au nord de l'Afrique du Sud.
- Le lion d'Asie (Panthera leo persica)
est très semblable au lion africain. D'après les recherches
biomoléculaires, il se sépara il y a 50 000 à 100 000 ans de son cousin
africain. Il possède une crinière moins importante et un pli au milieu
du ventre. À cela il faut encore ajouter une pilosité beaucoup plus
importante au niveau du coude. Le lion asiatique est en général plus
petit que l'africain, il est de 10 à 20 % plus petit que le lion
d'Afrique1.
Un mâle adulte a une masse corporelle comprise entre 160 et 190
kilogrammes, une femelle entre 110 et 120 kilogrammes. Il s'étendait
autrefois sur l'ensemble du sous-continent indien. La taille du groupe est en moyenne moins importante que celle de son homologue africain. Au début du XXe siècle,
la sous-espèce semblait destinée à disparaître : il n'y avait alors
plus qu'une vingtaine d'individus. La forêt de Gir et ses alentours
furent alors déclarés « protégés » et en 1965 fut créé le parc national de la forêt de Gir ; la population put à nouveau augmenter à hauteur de 300 animaux, qui toutefois sont menacés par un territoire bien trop petit (250 km2) et par un fort croisement d'animaux apparentés, qui a mené à la perte de la diversité génétique de ces lions.
Les sous-espèces « des cavernes »
Les lions des cavernes sont aujourd'hui tous éteints. Ils vivaient en
Eurasie et en
Amérique.
On peut supposer qu’ils possédaient une touffe de poils noirs au bout
de leur queue, tout comme les lions modernes. On pense que,
contrairement aux lions actuels, ils chassaient seuls ou en couple. Cela
a été prouvé par les lions de
Rancho La Brea, en
Californie,
où les jeunes avaient des dents plus usées que les jeunes lions
modernes. Ils ont pu habiter des grottes ou dans des failles pendant
l’hiver.
- Le lion des cavernes (Panthera leo spelaea)
est le lion du Pléistocène supérieur. Il était présent dans l'Europe
entière. L'extinction de ces animaux associés à des milieux ouverts de
climat tempéré ou froid est sans doute liée à un changement climatique
(et éventuellement à la disparition des proies dont ils se
nourrissaient) plutôt qu'à une chasse intensive par les groupes humains. Découvert au XIXe siècle, il a tout d'abord été rapproché des espèces modernes de taille voisine, à savoir les tigres et les lions. En décrivant le crâne type de Gailenreuth, Georg August Goldfuss
estima qu'il était distinct des taxons modernes. Il est considéré
aujourd'hui comme une sous-espèce indépendante, avec toutefois
suffisamment de caractères léonins pour justifier son rattachement à
l'espèce Leo. Il s'agit de l'ancêtre direct du lion moderne25.
Il est possible que les mâles n'aient pas eu de crinière, ou qu'ils en
aient eu une très petite et primitive. En effet, les représentations de
lion dans l'art paléolithique
ne présentent pas de crinière aussi fournie que celle des lions
actuels. On ne sait pas non plus s'ils avaient des sortes de taches
dispersées sur leur pelage ou bien si leur couleur était uniforme.
- Le lion de Sibérie orientale et de Béringie (Panthera leo vereshchagini) n'existait que dans la province de Yakoutie en Russie, en Alaska et dans le territoire du Yukon au Canada. Une analyse menée sur des crânes fossiles et leurs mandibules
montre que ce lion est bel et bien une nouvelle sous-espèce, différente
des autres lions préhistoriques à savoir, le lion d'Amérique par une
taille supérieure et le lion des cavernes par une taille inférieure31,25.
- Le lion d'Amérique (Panthera leo atrox)
était présent de l'Alaska au Pérou pendant tout le Pléistocène
supérieur. Ces lions ressemblaient beaucoup aux lions modernes, mais
étaient bien plus grands. D'après certaines représentations dans les
cavernes, le lion américain aurait possédé quelques rayures, mais bien
moins importantes que celles du tigre. On suppose qu'ils chassaient
alors des animaux moins rapides mais plus robustes, comme le bison, mais leur force et leur poids leur permettaient d’abattre la proie au sol. Ils s’attaquaient également aux chevaux, à des cervidés, et même à de jeunes mammouths. Beaucoup de lions ont été retrouvés dans les restes de camps humains datés du Paléolithique, cela laisse penser que les lions étaient chassés par les hommes. Dans l'Idaho, des restes de lion américain ont été retrouvés dans les débris d'une grotte appelée « Jaguar Cave », ils sont datés de 10 300 ans. Plusieurs autres fossiles prouvent que ces lions ont été chassés par les premiers Amérindiens32.
La
cryptozoologie s'est longtemps intéressé aux
Marozis33, prétendus lions tachetés, à courte crinière qui vivaient dans les hauts plateaux du
Kenya. La peau d'un lion de ce genre est gardée encore aujourd'hui au
muséum d'histoire naturelle de Londres. Depuis la fin des
années 1930,
il n'y a plus eu d'apparitions. Aujourd'hui, certains supposent qu'il
s'agissait d'hybrides, produits d'un croisement entre un lion et un
autre
félin.
Les noms des
hybrides sont composés de la première syllabe du père, suivie d'une syllabe de la mère :
Répartition géographique et habitat
Répartition géographique actuelle du lion en Afrique
Autrefois, le lion devait posséder la répartition géographique la
plus étalée de tous les mammifères terrestres. Le lion d'Amérique (
Panthera leo atrox) était présent du Pérou à l'Alaska pendant tout le
pléistocène
supérieur, tandis que des cousins occupaient la Sibérie et l'Europe
centrale, et d'autres encore étaient répartis entre l'Inde et l'Afrique
du Sud. L'étendue de la répartition perd toutefois de son importance à
la fin de l'ère de glaciation.
Les lions ont une grande capacité d'adaptation et de nombreux habitats différents. L'habitat naturel préféré du lion est la
savane,
mais il figure aussi dans les forêts sèches et les demi-déserts. On ne
le trouve toutefois jamais dans les forêts denses et humides ou les
déserts arides. Par conséquent, l'espèce manque naturellement dans les
forêts tropicales humides centrafricaines et les déserts les plus secs de l'Afrique du Nord et du Proche-Orient.
Mode de vie
Comportement social
Une lionne à la recherche d'un gibier.
Contrairement aux autres fauves, plutôt solitaires, les lions vivent
dans des troupes, qui sont des unités sociales permanentes, composées de
femelles apparentées entre elles, de mâles non apparentés aux femelles
et de leur progéniture. La dimension du territoire et le nombre de
proies déterminent la dimension du groupe qui varie de 3 à 30 individus.
Il y a habituellement dans le groupe un à sept mâles adultes et d'une à
dix-huit femelles. Le territoire d'une troupe couvre 20 à
500 km2. Dans le
parc national du Serengeti en
Tanzanie, la densité des lions peut atteindre un individu par kilomètre carré. Dans l'
ancien cratère du Ngorongoro, le nombre maximum d'individus est 1,6 à 2,4 au km². Les frontières de leur territoire sont délimitées par leurs
selles et leur
urine,
qui indiquent qu'il y a défense de pénétrer dans la zone. Ils grattent
également la terre avec leurs pattes avant et arrière, déposant une
substance sécrétée par des glandes situées dans leurs
coussinets35.
Les jeunes mâles restent environ deux à trois ans dans le groupe,
jusqu'à ce qu'ils aient atteint leur maturité sexuelle. Ils sont ensuite
chassés par le lion dominant. Les femelles par contre passent
généralement toute leur vie dans le groupe de naissance et s'y
reproduisent. Ceci permet d'éviter la consanguinité.
Quand les jeunes mâles ont été chassés du groupe par leurs pères, ils
deviennent nomades et forment ensemble une « coalition », parfois
rejoints par d'autres jeunes mâles. Le lien entre les mâles est très
fort. Les jeunes mâles parcourent ensemble des distances très
importantes, ne respectent pas les frontières des territoires, mais ne
fondent pas leur propre territoire. Puisque les mâles ont très peu de
succès à la chasse, comparativement aux femelles, les jeunes nomades se
nourrissent surtout de
charognes[réf. nécessaire].
De telles coalitions de jeunes mâles vont essayer de prendre la tête
d'une troupe en évinçant les mâles résidents. Toutefois, cela n'est pas
toujours une réussite. De telles luttes sont généralement sanglantes, et
il n'est pas rare qu'elles s'achèvent mortellement. Si les vieux mâles
du groupe perdent la lutte, ils sont chassés et mènent ensuite une vie
de solitaires. Souvent, ils meurent des conséquences de leurs blessures.
Si les nouveaux venus gagnent, ils en viennent fréquemment à l'
infanticide, c'est-à-dire qu'ils tuent les petits de leurs prédécesseurs. Ce comportement permet aux femelles de retrouver rapidement un
œstrus
et donc d'être à nouveau aptes à la reproduction. Les mâles peuvent
ainsi s'accoupler plus tôt et assurer leur propre descendance. Ce
comportement est adaptatif : en effet, la compétition est rude entre les
coalitions de mâles et de jeunes mâles viendront bientôt essayer de les
détrôner pour prendre à leur tour la tête du groupe. Les mâles n'ont
donc pas de temps à perdre et ils doivent tenir à la tête du groupe
jusqu'à ce que les lionceaux soient assez grands pour être épargnés. Les
mâles restent rarement plus de trois ou quatre ans à la tête du groupe,
et n'ont donc pas le temps d'attendre que les portées des prédécesseurs
soient devenues adultes pour se reproduire. Il arrive fréquemment que
les femelles attaquent le mâle assassin
36.
En général, les lions ne pratiquent pas de toilettes mutuelles
complètes, seul le dos du nez est nettoyé ; mais, lors de salissures
grossières, par exemple par le
sang des proies, il peut arriver qu'un membre effectue des soins de fourrure.
Communication
Deux jeunes lions rugissant
Les lions communiquent entre eux par de nombreux moyens. Ce sont des
animaux sociaux et de ce fait la communication est plus développée que
pour les autres félins. Leur communication vocale se compose de
grognements, grondements, sifflements, gémissements, miaulements, et du
célèbre rugissement. Leur
os hyoïde
n'est que partiellement ossifié, c'est cette disposition qui leur
permet de rugir, mais de ce fait, ils ne sont pas en mesure de ronronner
à proprement parler ; mais ils le font, comme d'autres
fauves, par expiration. On l'entend quand deux lions agissent l'un sur l'autre sur une base amicale. Le
ronronnement
ne retentit pas comme celui d'un petit chat, mais plutôt comme un
grognement ou un ronflement grave. Le rugissement a diverses
significations, selon la situation dans laquelle il est employé. Rugir
est employé pour délimiter le territoire, appeler les autres membres du
groupe, intimider les rivaux et renforcer le lien « familial » entre les
membres du groupe. Les rugissements du mâle sont plus forts et plus
profonds que ceux de la femelle. Par une puissante expiration, les lions
rugissent, rentrant leurs flancs et gonflant la poitrine, souvent dans
un bas grondement commençant par quelques bas grognements et
gémissements, qui indiquent à d'autres lions qu'un groupe vit dans le
secteur, et de rester en dehors du territoire. Par une nuit claire, il
peut être entendu jusqu'à cinq kilomètres de distance
37. Les femelles emploient un bas grognement pour appeler leurs petits.
Le langage corporel est d'égale importance. Les lions ont un
cérémonial complexe de salutation au cours duquel ils gémissent
doucement l'un et l'autre, balancent la tête latéralement et gardent la
queue levée vers le haut, voire posée sur le dos de l'autre lion. Comme
certains autres chats, les lions se cognent la tête en se saluant. Le
lèchement de la tête, des épaules et du cou est également un signe
d'affection. Les lions, tout comme d'autres chats sauvages, ont les
oreilles noires avec de grands cercles blancs sur leur dos. Ces grands
cercles blancs permettent d'indiquer l'humeur : quand ils sont fâchés,
les lions et d'autres carnivores étendent leurs oreilles à plat contre
leur tête. Il est difficile de dire si un félin est fâché à distance,
mais si vous voyez les cercles blancs clignotants, vous pouvez savoir à
distance que ce dernier est furieux et qu'il vaut mieux ne pas s'en
approcher. Cela permet d'éviter beaucoup de combats
13.
Reproduction
Accouplement d'un lion et d'une lionne.
Les lions atteignent leur maturité sexuelle et sociale à l'âge de trois ou quatre ans
38, leur maturité physiologique à 30 mois pour les mâles et 24 mois pour les femelles
39. Il n'y a pas de
saison de reproduction définie. Pour vérifier la fécondité d'une femelle, le mâle utilise l'
organe de Jacobson,
se situant sur le palais, sous la surface intérieure du nez. Pour ce
faire, le lion relève la lèvre supérieure et ouvre la gueule. Ce
processus est qualifié de
flehmen.
Même si un mâle arrive au sommet de la hiérarchie, il ne peut se
reproduire avec une femelle qu'avec son consentement. C'est en tournant
autour de lui, en se roulant à ses pieds, en frottant sa tête contre son
cou, que la femelle provoque le mâle dominant. Elle se met à plat
ventre et relève la
croupe ; cette position, appelée
lordose,
permet au mâle une meilleure pénétration. Pendant l'accouplement, le
lion garde la nuque de la femelle dans sa gueule et la mord au cou. Cela
la garde instinctivement calme ; le
pénis
du mâle est garni de protubérances épineuses et lorsqu'il se retire, on
suppose que la lionne ressent de la douleur. C'est ainsi qu'elle
proteste en rugissant et se retourne fréquemment contre lui dans une
posture agressive. C'est la pénétration qui déclenche la ponte des
ovules qui seront fécondés par les
spermatozoïdes13.
,40
Si une lionne accepte de se reproduire, ils s'accoupleront toutes les
quinze minutes et ce, jusqu'à cinquante fois par jour, auquel cas chaque
rapport dure environ trente secondes, jusqu'à ce que l'
œstrus de la femelle, qui ne dure que quatre jours
39, soit terminé
41.
Après une
gestation d'environ quatre mois
42, la lionne, cachée loin du groupe, met au monde un à quatre
39 lionceaux, aveugles, de 1,1 à
1,37 kg39. Durant leurs six premières semaines de vie environ
43,
ils ne seront qu'allaités par la mère dans la cache par ses quatre
glandes mammaires. Si cette dernière est assez éloignée du groupe, la
mère ira seule à la chasse. Il peut arriver que les petits restent
jusqu'à 48 heures seuls dans la cache ce qui peut s'avérer dangereux,
particulièrement à cause des
hyènes et de bien d'autres prédateurs. Après trois à quatre semaines
39, la lionne amène ses petits dans le groupe et ils se mêlent à d'autres lionceaux. Les problèmes d'acceptation sont rares.
À partir de ce moment, les jeunes lions tètent non seulement leur
mère, mais également les autres lionnes, de sorte que l'éducation
incombe à toutes les femelles du groupe. Vers l'âge de six mois
44, les lionceaux sont
sevrés ; ils restent encore environ deux ans auprès de leur mère
39.
La durée de vie d'un lion s'élève de douze à quatorze ans à l'état sauvage, rarement plus de vingt ans
39.
Toutefois, seules les femelles atteignent un tel âge. Les mâles sont
généralement tués par un plus jeune concurrent ou, après une longue
errance, ne trouvent plus de groupe et meurent de faim. Quelques lions
ont toutefois vécu en
parc zoologique jusqu'à l'âge de 29 ans
39.
Certains observateurs ont rapporté que deux lions ou lionnes pouvaient également interagir entre eux et montrer des signes d'
homosexualité. Dans la nature, environ 8 % des
rapports sexuels se font entre lions, tandis que les activités homosexuelles entre lionnes ne sont toutefois observables qu'en captivité
45,46.
Reproduction et infanticide
Seuls les mâles au sommet de la hiérarchie peuvent se reproduire, car le dominant a pleine autorité sur le
harem. Mais cette période ne dure en moyenne que deux à quatre ans
41.
Or, chaque femelle n'élevant qu'une seule portée à la fois, un mâle
dominant nouvellement arrivé au sommet de la hiérarchie ne peut pas se
permettre d'attendre jusqu'à deux ans avant de pouvoir s'accoupler. Pour
rendre des femelles fécondables, il n'hésite donc pas à tuer des petits
44.
Alimentation et chasse
Jeune éléphant ayant été la proie de lionnes à Savuti
Un lion et un lionceau dévorant un
buffle
Le lion ne chasse généralement que dans l'obscurité ou aux heures
fraîches du matin ; l'obscurité et les températures plus clémentes
constituent un avantage important. De plus, le lion est inactif de 20 à
21 heures par jour, dont 10 à 15 heures de sieste
47. Il consomme en moyenne
7 kg de viande par jour
41. Toutefois, si la chasse a été bonne et si elle a manqué quelques repas, la lionne peut avaler jusqu'à
30 kg de viande en une seule fois, tandis que le mâle peut en avaler jusqu'à
40 kg48. Les lions ne chassent que lorsque leur réserve de nourriture est épuisée.
Les proies principales sont les
bovidés de grande, moyenne et petite taille :
Il chasse aussi des
buffles, jeunes éléphants,
phacochères,
zèbres,
girafes,
lapins,
oiseaux et quelquefois poissons. Dans certaines régions, des lions se
spécialisent même pour un type de proie précis. Ainsi des groupes
importants de lions, d'environ 30 individus, attaquent régulièrement des
éléphants adultes. Dans les
zones humides du
Savuti et du
Linyanti, il arrive même qu'ils s'attaquent à des
hippopotames. Mais généralement la plupart des
hippopotames,
rhinocéros,
éléphants sont trop imposants de par leurs statures, en effet les lions fuient généralement les éléphants et rhinocéros en colère.
Les antilopes très rapides, tels que les
gazelles, les
topis, les
springboks et les
impalas sont généralement exclues de leurs proies, les lions sont contraints à chasser des animaux moins rapide et plus gros.
Vers l'âge de deux ans, les lionceaux apprennent l'art de la chasse
et partent à trois ans avec leur mère chasser une première fois.
Dans la savane, milieu ouvert, les lions sont facilement repérables
par leurs proies. De plus, un animal vigoureux peut venir à bout d'un
chasseur solitaire. Un jeune buffle du Cap a été observé luttant avec
une lionne pendant 90 minutes pour ne perdre finalement que sa queue. La
chasse à deux ou à plusieurs offre donc de meilleures chances de succès
et permet des prises imposantes. Les lionnes assurent de 80 à 90 % des
prises lors de la chasse. Les mâles, plus lourds, moins rapides et plus
facilement repérables par leur corpulence et leur crinière, sont moins
efficaces.
Les lionnes et les lions utilisent des techniques différentes selon
le terrain, leurs préférences et les méthodes de défense des proies. La
lionne chasse en général à l'aube ou au crépuscule, ou encore à la
faveur de la nuit. À l'affût, tapie derrière les hautes herbes, elle
attend qu'un animal ait baissé la tête pour brouter, manifeste des
signes d'inattention ou se trouve en position isolée. Elle risque alors
une approche discrète jusqu'à 30 mètres
environ, puis elle charge et projette violemment sa proie à terre.
Pesant de tout son poids sur elle, elle la saisit à la gorge. Trachée et
œsophage sectionnés, la victime meurt en quelques minutes. Les lionnes
maintiennent souvent leur proie par le museau jusqu'à ce que celle-ci
étouffe.
Lorsqu'elles chassent en groupe, les lionnes encerclent la proie,
voire le troupeau, et s'en approchent ensemble ; elles rampent à plat
ventre souvent sur plusieurs centaines de mètres jusqu'à leur proie,
auquel cas l'environnement est utilisé le plus intelligemment possible
pour se camoufler. Lorsqu'une distance d'environ
30 mètres est atteinte, alors la proie est chargée. Chaque bond fait environ
6 mètres de long et peut atteindre le double en longueur et quatre mètres en hauteur
49. La proie est alors tuée par une forte morsure à la nuque ou au cou de façon à atteindre la
veine jugulaire ou la
carotide.
Comme les lionnes chassent dans des espaces ouverts, la chasse
commune augmente la chance de frapper avec succès une proie. Elles se
renvoient aussi la proie entre elles. En outre, la proie dans le groupe
peut être défendue plus facilement contre des voleurs comme les
lycaons et les
hyènes tachetées.
Le pourcentage de tentatives réussies varie également selon l'espèce
pourchassée : environ 14 % s'il s'agit d'antilopes (damalisques, cobes,
koudous, élands, bubales, oryx), 38 % pour les zèbres et les gnous et
47 % pour les phacochères. La chasse nocturne se solde par 33 % de
succès, contre 21 % pour la chasse diurne, et les attaques dans les
buissons (41 %) ont 3,5 fois plus de chances de réussir que les attaques
en terrain découvert (12 %) - d'après des études
50.
En période de sècheresse, les lions mangent même des animaux morts de
maladie ou des restes d'autres prédateurs. Dans le parc du Serengeti en
Tanzanie, lorsque la plupart des ongulés ont migré à la recherche
d'herbes tendres et d'eau, les lions s'attaquent aux animaux
sédentaires :
girafes, phacochères, petits mammifères (antilopes naines, lapins),
oiseaux, serpents ou jeunes crocodiles. Les nuits de saisons sèches, les
lionnes chassent parfois les
impalas
à la nuit tombée ; antilopes africaines très communes vivant dans les
milieux semi-forestiers, sédentaires, très rapides, agiles et vigilantes
la journée, mais elles sont plus vulnérables dans l'obscurité à cause
de leurs vues nettement inférieur à celle des fauves.
Les mâles du groupe ne participent qu'exceptionnellement à la chasse,
par exemple si des proies très grandes sont attaquées comme des
buffles, des girafes ou des éléphants préadultes ; leur principal rôle
est de protéger la troupe des autres lions. Après un succès, la
hiérarchie du groupe entre en application : le mâle peut manger en
premier ; suivent ensuite les femelles haut placées et enfin les petits.
Il y a rarement, auprès du cadavre, des luttes de rang où les membres
du groupe s'infligent d'importantes blessures.
Souvent, les lions sont amenés à manger des
charognes.
Les lions mâles qui ont été chassés d'un clan sont contraints de se
nourrir exclusivement de ce type d'alimentation. Cela les amène à
chasser de leur butin d'autres animaux charognards comme les
léopards. Souvent, le lion doit aussi chasser les
hyènes tachetées de leur proie.
Relations avec les autres espèces de prédateurs
Les relations entre lions et
hyènes tachetées
dans les zones où ils coexistent sont uniques dans leurs complexités et
leurs intensités. Les lions et les hyènes sont au sommet de la
chaîne alimentaire,
se nourrissant des mêmes proies, et sont donc en concurrence directe. À
ce titre, ils luttent souvent pour se voler et à l'occasion se tuer.
Bien que les hyènes aient la réputation d'être des charognards
opportunistes profitant de la chasse du lion, le cas inverse est très
fréquent. Au
cratère du Ngorongoro,
la population des hyènes dépasse de beaucoup celle des lions résidents,
aussi ces derniers obtiennent une grande partie de leur nourriture en
volant les proies des hyènes. La querelle entre les deux espèces ne
dépasse cependant pas une simple bataille pour l'alimentation, c'est en
fait la limite des territoires respectifs qui fixe les limites de ces
conflits car contrairement aux autres espèces, les territoires ne se
chevauchent pas, comme si les groupes de hyènes et de lions
appartenaient à la même espèce. Cependant, les mâles sont très agressifs
envers les hyènes, ils les tuent quand ils le peuvent, quelquefois sans
les manger. Dereck et Beverly Joubert ont observé plusieurs cas de
lions mâles s'attaquant systématiquement aux hyènes, même lorsque
celles-ci étaient en avantage numérique. Le plus célèbre lion tueur de
hyènes avait pour nom « Ntchwaidumela », ses assauts meurtriers contre
les hyènes, sans raison apparente, ont donné lieu à des documentaires,
comme
Lions et Hyènes, face à face mortel51. Inversement, les hyènes sont les principales prédatrices des lionceaux (avec les léopards), harcelant les lionnes
52.
Les lions dominent les félins plus petits qu'eux comme les
guépards.
Ils volent leurs proies et tuent leurs petits, parfois l'adulte. Un
guépard a 50 % de chances de perdre sa proie vis-à-vis d'autres
prédateurs
53
et les lions sont les principaux prédateurs de ses petits ; on estime
même à neuf petits sur dix tués par un lion dans leurs premières
semaines de vie. Pouvant survivre avec de petites proies et grimper dans
les arbres, les léopards souffrent moins de cette prédation
54.
Les lions sont également en concurrence avec les
crocodiles du Nil, et il arrive, en fonction des tailles respectives, que l'un mange l'autre. Des lions ont été vus tuant des crocodiles
55 et des morceaux de lion ont été trouvés dans des estomacs de crocodile
56.
Relations avec l'homme
L'homme et la chasse au lion
Mosaïque de la chasse au lion de
Pella.
« Tant que les lions n'auront pas leurs propres historiens, les histoires de chasse continueront à glorifier le chasseur. »
— Proverbe africain
Depuis l'
Antiquité
l'homme chasse le lion. C'est d'ailleurs, lorsque l'animal est adulte,
son seul prédateur (les lionceaux laissés seuls peuvent être la proie
des
léopards, des
hyènes
ou même de lions étrangers au groupe). L'homme chasse le lion pour
assurer la sécurité de ses troupeaux, pour se protéger, mais aussi comme
preuve d'un signe extérieur de vaillance
57 ou même pour les spectacles que constituaient les
jeux romains. Dès lors, les chasses et les battues ont fait disparaître bon nombre de sous-espèces. L'invention de l'
arme à feu et de la « chasse sportive » va accélérer le processus, au rythme de la disparition des autres gros
mammifères les
Big 5.
En
Afrique de l'Est, dès les
années 1900, des mesures de protection, qui consistèrent en la création de
réserve de chasse comme le
Parc national de Kilimandjaro
et à une interdiction de chasser dans ces zones, ont été prises. Le
droit de tuer s'achetant, le coût limitant les prises par une sorte
d'enchère calculée sur les demandes passées. Les chasses rituelles
continuent également et il n'est pas rare de voir des lions mutilés. Les
chasses rituelles pratiquées se terminent par la vente des trophées,
liant cette pratique à des intérêts économiques. Le
Kenya Wildlife Service rapporte qu'entre 1999 et 2003, 49 lions ont été tués par les
Masaï. Les populations de lion ont continué à chuter si bien que dans les
années 2000,
cette méthode de gestion de la faune a été remise en cause. En effet,
la population totale des lions africains passe de 50 000 spécimens à
15 000 (au pire) au cours des
années 199058.
La chasse, le braconnage et la diminution des aires sauvages rendent
l'espèce vulnérable si bien qu'il a fallu prendre de nouvelles mesures
de protection. Les lions de cirques, ceux destinés au
domptage
et aux zoos ne sont plus prélevés dans la nature. La chasse
traditionnelle et le braconnage sont combattus. La chasse sportive au
Botswana
est interdite en février 2001 par le service de gestion de la faune
locale bien que, avec 53 trophées comptabilisés en 2000, la chasse ait
rapporté cinq millions de dollars à l’industrie de la chasse et
100 000 dollars aux caisses de l’État
58, la « taxe d'abattage » se situant autour de
80 000 euros contre 3 000 pour un guépard
59. L'office de la gestion de la faune
zambienne a lui-même pris une mesure d'interdiction la même année
58. En
Afrique du Sud,
près de 300 éleveurs élèvent environ 5 000 lions pour la chasse ; 480
lions, dont 444 élevés en captivité, ont été chassés dans le pays, pour
un prix variant de 6 000 à
8 000 USD la femelle et de 20 000 à
30 000 USD le mâle
60. Une loi viserait à interdire cette pratique.
En Asie, le lion a pratiquement disparu depuis le milieu du XIXe siècle à l'état sauvage, autant par la chasse que par la réduction de son habitat.
Conséquences de la réduction de l’habitat
Les maladies représentent un autre problème, surtout dans le
Parc national Kruger en
Afrique du Sud. Depuis qu'en
1995, un premier cas mortel de
tuberculose
est apparu chez les lions, des études approfondies ont été menées dans
le parc. D'après le bilan, le taux de contamination des animaux du
secteur sud du parc par les
bactéries mortelles s'élevait à plus de 90 %. L'infection venait des
buffles
chassés par les lions qui, par contact avec des bovins domestiques, ont
introduit la maladie dans le parc et contaminé les lions. Environ 70 %
des bovins souffrent d'une tuberculose pulmonaire (
phtisie),
tandis que chez les lions, la maladie se manifeste surtout dans le
système digestif. Les animaux deviennent plus faibles, maigrissent
énormément et meurent en quelques années. À côté de la tuberculose, il
existe une seconde maladie très fréquente. Environ 60 à 70 % des lions
du parc Kruger sont contaminés par le
virus de l'immunodéficience féline, qui « paralyse » le
système immunitaire de l'animal et ouvre ainsi la voie à la tuberculose. Contre les deux virus exterminateurs, il n'existe aucune vaccination.
En
1994, un tiers des lions du parc national du Serengeti sont morts à la suite de la contraction de la
maladie de Carré61,62 face à laquelle ils sont très vulnérables.
Actuellement, les populations de lion sont très concentrées car
contenues dans des parcs ou des réserves, les autres zones devenant
impropres à leur survie en devenant des terres agricoles. La perte de
diversité génétique entraîne l'apparition de maladies comme on a pu l'observer dans la
réserve du Hluhluwe-Umfolozi en Afrique du Sud, où les 120 lions présents dans les années 2000 descendent de 3 lions des
années 196063.
Or certains biologistes estiment à 500 à 1000 individus adultes la
diversité génétique nécessaire pour qu'une de leur population soit
considérée comme viable, c’est-à-dire disposant du minimum de diversité
génétique nécessaire à la survie
64,65,66.
Peu de ces populations correspondent à ce critère. En 2007, ces
populations de lions ne sont pourtant pas considérées comme des
populations à risque bien qu'aucune étude sur ce problème ne soit
réalisée. Contrairement à d'autres espèces, aucun transfert préventif à
grande échelle n'est effectué afin de diminuer le risque de perte du
patrimoine génétique. Cependant, pour résoudre des problèmes ponctuels
de la réserve du Hluhluwe-Umfolozi, des tentatives d'
insémination artificielle ont été effectuées avec difficulté pour éviter les problèmes d'intégration sociale liés aux introductions
63.
Prédation d’humains
En temps normal, les lions n'attaquent pas les humains. Il arrive de
nos jours que quelques lions attaquent les humains en Afrique ;
invariablement, les populations mènent des représailles. Les causes de
la prédation d'humains sont systématiquement examinées par des
scientifiques. Entre 1990 et 2005, 563 villageois ont été attaqués par
des lions en Tanzanie, ce qui correspond à une augmentation considérable
67. Il semble qu'ils n'attaquent que parce que leurs proies deviennent rares. En
Tanzanie, ces attaques ont eu lieu dans la
réserve du Selous, le
district de Rufiji et la
région de Lindi où l'homme étend son implantation et où la population des lions augmente grâce aux mesures de protection
67.
Certains lions peuvent être contraints d'attaquer des humains à cause
d'un problème physique, ne pouvant pas attaquer d'autres proies. En
2006, un lion soupçonné d'avoir tué 35 personnes
68 avait un défaut de dents.
Protection
Approximativement 16 500 à 30 000 lions vivent encore en liberté
29. L'
UICN est partie en
2004
du principe que le nombre de lions a diminué dans le monde entier au
cours des vingt dernières années de 30 à 50 %. Les raisons de ce recul
ne sont pas complètement connues. On suppose que la réduction du
gibier
chassé par le lion, les conflits entre l'homme et le lion et la
dégradation de son habitat sont les principales raisons de la diminution
des populations de lions. À travers l'Afrique, le lion a disparu sur
plus de 80 % de son ancien territoire. Le lion africain est considéré
comme « vulnérable » sur la liste rouge des espèces menacées de l'UICN,
en raison de la baisse constante de l'effectif de cette espèce. En
Afrique de l'Ouest,
le nombre des lions est inférieur à 1 500. Cette espèce répond au
critère de « menacée au niveau régional ». Il n'y a plus que 200 à 300
individus en Asie, gravement menacés par la perte de leur patrimoine
génétique.
Les nouvelles stratégies de protection du lion visent à renforcer les
chances d'une coexistence pacifique à l'avenir entre les lions et les
hommes : une exploitation des terres intégrée avec la faune, une
réduction des conflits entre l'homme et le lion et la prévention du
commerce illégal du lion et de ses produits dérivés. L'avenir de ces
« gros chats » semble déjà sur une meilleure voie dans quelques grandes
réserves de l'Afrique du Sud et de l'Est tandis que très précaire en
Asie ; afin de pallier ce dernier point, le
gouvernement indien a mis en place dans les
années 2000 un projet de réintroduction du lion dans le
Kuno Wildlife Sanctuary : l'
Asiatic Lion Reintroduction Project69.
Le lion en captivité
Les lions vivent en captivité depuis l'
Antiquité, sur des périodes ponctuelles. Les
Romains les utilisaient dans leurs
Jeux par exemple. Il y a des lions en permanence en occident depuis la création des
ménageries, ancêtres des
parcs zoologiques, au
XVIIIe siècle. En Amérique, le premier lion fut d'ailleurs exhibé à
Boston en
1716. En outre, les activités de divertissement, comme le
domptage dans les
cirques ou même les
combats de lion,
nécessitent la mise en place d'élevages. Les lions se reproduisent très
bien en captivité et peuvent y vivre une vingtaine d'années, le record
étant actuellement détenu par une lionne du zoo d'Honolulu née en 1986
70.
Historique
Les zoos
Comme les
tigres ou les
requins, le lion attire le public
76,
ils sont donc très présents dans les parcs zoologiques. Aussi les 2002
zoos actuellement existants détiennent environ 1000 lions africains et
100 lions asiatiques dans les
années 2000. Ils permettent de sensibiliser le public à l'environnement et à la conservation de ces espèces
76.
Des programmes d'échange existent depuis longtemps pour diversifier
le patrimoine génétique des lions en captivité, cependant ils ne
tenaient pas compte des sous-espèces, créant une
pollution génétique au sein des populations de diverses origines. Les programmes actuels commencent à en tenir compte
77 et essaient de ne plus reproduire ensemble des lions de sous-espèces différentes. Le
Species Survival Plan est une coordination des efforts en ce sens par l'
Association américaine des Zoos et des Aquariums.
En 1982, des procédures ont été mises en place en Amérique du Nord pour
préserver le patrimoine génétique du lion asiatique. Le volet pour les
lions africains a débuté lui en 1993, plus particulièrement pour la
sous-espèce sud-africaine. La plupart des individus détenus sont
cependant d'origine incertaine, ce qui rend leur réintroduction
impossible ou presque
26.
La sous-espèce du
lion de l'Atlas,
la plus spectaculaire car la plus grande, n'est existante qu'à travers
d'animaux détenus par des zoos. On peut en apercevoir douze au
zoo de Port Lympne dans le Kent, au
Royaume-Uni. Ceux-ci descendent tous d'animaux ayant appartenu au roi du
Maroc. Onze spécimens, considérés comme des lions de l'Atlas, sont également détenus par le
zoo d'Addis-Abeba, un spécimen est identifié au
Neuwied Zoo78, quelques spécimens au
zoo d'Amnéville79. La
WildLink International, en collaboration avec l'
Université d'Oxford, ont lancé un programme international ambitieux d'
élevage conservatoire appelé
Barbary Lion Project et qui vise à identifier et à reproduire ces lions afin de les réintroduire dans un parc national du Maroc
78,79.
Les spectacles de lions
Lithographie de dompteur de 1873.
Les pionniers du domptage sont
Henri Martin, un Français, et
Isaac Van Amburgh, un américain. Ils ont commencé au milieu du
XIXe siècle et leurs techniques ont été très rapidement copiées
82.
Martin créera lors du troisième Cirque Olympique à Paris en 1831, une
pantomime à grand spectacle, abrité derrière un grillage, appelée « les
Lions de Mysore » avec ses lions Néron et Cobourg, son tigre Atyr.
Isaac Van Amburgh fit une tournée en
Angleterre, devant la reine
Victoria. Il copia rapidement le spectacle du Français. Plus que le traditionnel domptage de
chevaux, le domptage de fauve voulait marquer la supériorité humaine sur les forces brutes naturelles
82.
Jean-Baptiste Pezon est un autre dompteur de lions célèbre.
Clyde Beatty est probablement le premier dompteur à avoir utilisé le support surélevé sur lequel les fauves viennent s'asseoir
83.
Cette tradition est toujours vivace ; certains dompteurs actuels, comme le duo de magiciens
Siegfried & Roy et leurs lions blancs, sont toujours célèbres.
La détention de lions
Certains individus ou entreprises privées élèvent des lions, leur
détention est soumise pour de nombreux pays à des autorisations
spécifiques. Bien souvent ces animaux sont détenus dans des conditions
ne permettant pas leur bien-être du fait entre autres du manque d'espace
84. En
France, régulièrement, des actions de saisie ont été menées par l'administration
85 même si certaines associations les trouvent peu virulentes
86. L'
Inde interdit même la possession de lion depuis 1998
85. En outre, de nombreux animaux s'évadent, donnant lieu à des battues qui se soldent souvent par l'abattage de l'animal
87.
Image du lion chez l'homme
Lion dans les mythologies et religions
Statère du
satrape Mazaios représentant un lion dévorant un taureau
Dans de nombreuses cultures
antiques, le lion jouait un rôle symbolique important. En
Égypte, les
pharaons furent représentés par des
sphinx, lions à la tête
humaine88. La plus célèbre de ces représentations est le
Grand Sphinx de Gizeh.
Sekhmet fut vénérée en tant que déesse au corps humain et à tête de lionne, envoyée par
Rê contre les Égyptiens qui complotaient contre lui
3. Des divinités mineures, comme le génie Nebneryou qui accueille les défunts au
royaume des morts89 ou
Mihos, le fils de
Bastet à tête de lion
90, ont existé, comme de
nombreuses divinités hybrides possédant une partie du corps du lion :
Pachet,
Aker,
Dédoun ou
Tefnout par exemple
91.
Dans la
mythologie grecque, les lions apparaissent dans diverses fonctions : le
lion de Némée, représenté comme une bête mangeuse d'hommes à la peau impénétrable, fut tué par
Héraklès, durant ses
douze travaux3. Dans l'histoire d'
Androclès, une des fables d'
Ésope,
le héros, un esclave échappé, retire une épine de la patte d'un lion ;
quand, plus tard, pour le punir de son évasion, il fut jeté par son
maître au lion pour être dévoré, l'animal le reconnut et refusa de tuer
l'homme.
Dans les
religions judéo-chrétiennes, le lion est un
animal polysémique, surtout dépeint à travers les images positives de
saint Jérôme et son lion, du
tétramorphe (lion de
saint Marc) et de
Daniel épargné par les lions
92 ; cependant, une connotation négative lui est associée par un passage de
Pierre faisant référence à
Satan qui déambule « tel un lion cherchant une proie à dévorer »
93. Ainsi, le lion revient très souvent dans les églises
catholiques car il représente la force du
croyant combattant le
péché, et dans les objets :
bracelets en patte de lion, siège épiscopal sculpté à l'effigie du lion, sur le socle des
chandeliers, les portails d'
église89… À l'époque romaine, pendant les persécutions, les
chrétiens étaient jetés aux lions ; d'où l'expression « être jeté aux lions ».
Iconographie
Premières représentations du lion au Paléolithique
Les chasseurs du
Paléolithique supérieur (
Aurignacien) représentaient déjà le lion il y a plus de
30 000 ans. Le
lion des cavernes peut être facilement identifié en raison de la présence d'un toupet de poil au bout de la queue dans les représentations du
Paléolithique94. Le lion est représenté la face tournée vers l'observateur et non de profil dans l'art
préhistorique africain en raison de légendes qui lui attribuent des pouvoirs magiques liés à son regard
92.
L'homme lion, sculpture d'
ivoire de
mammouth de près de
30 centimètres
de haut, représentant le corps d'un homme surmonté d'une tête de lion
des cavernes, compte parmi les œuvres d'art les plus impressionnantes de
cette époque, mais également parmi les plus anciennes de toute
l'histoire de l'humanité. Elle incarnait peut-être une
divinité95.
Représentations en Occident
Lion criblé de
flèches.
Bas-relief dans le palais nord de
Ninive.
Le lion est aussi souvent représenté dans les arts figuratifs. Le lion prend l'image de la
royauté et du
Soleil et se développe dans tout le
Proche-Orient. À
Babylone par exemple, la voie processionnelle est décorée de bas-reliefs en carreaux de
céramique en forme de lion du temps de
Nabuchodonosor II89. L’
art assyrien, qui a influencé l'
art des steppes puis l'art des nombreuses peuplades conquises par les nomades guerriers, dépeint également de nombreuses
chasses
aux lions, très réalistes. Ce type de représentations visait à
glorifier le roi, maître des bêtes, et également représenter la défaite
de l'ennemi. Le thème d'un dangereux animal sauvage, souvent un félin ou
un ours, se jetant sur sa proie est très fréquent. L'art assyrien a
apporté le goût du réalisme et du naturalisme à ses peuplades, qui s'est
ensuite transmis dans toute l'
Eurasie, et notamment les peuples germaniques et asiatiques
92.
Chez les
Grecs et les Romains, le lion fait figure de gardien ; ainsi, la porte des lionnes protège le palais d'
Agamemnon contre les ennemis et les démons
92. Dans l'art grec, le motif des scènes de chasse du
lion de Némée dont la peau est l'attribut de
Héraklès est très présent. Chez les Romains, il est également très représenté comme animal du
cirque, combattant contre des
gladiateurs89. Dans l'
art chrétien, le lion accompagne parfois
saint Jérôme, ou la
force, c'est le symbole de
Marc l'Évangéliste, de la royauté.
Roi des animaux dans le
bestiaire médiéval, il est très présent dans l'art monumental.
Représentations asiatiques
La fascination des hommes pour cet animal est visible dans la
multiplicité d'écussons sur lesquels il est illustré, au point qu'un proverbe affirme : « Qui n'a point d'armes porte un lion »
97,Note 4. Ainsi, on le retrouve, entre autres, sur les
blasons de l'
Écosse98, de la
Norvège99, de la
Belgique89 ou de villes comme
Lyon100.
Le lion est représenté le plus souvent rampant, c'est-à-dire dressé sur
ses pattes arrière, mais de très nombreuses formes existent : léopardé,
lampassé, ramassé, morné, etc. Le lion en héraldique est appelé lion
avec la tête de profil et léopard avec la tête en face ; ainsi les lions
du
blason anglais sont des léopards. Une
symbolique basée sur la figure du lion a pu être créée ; par exemple, un lion d'argent sur champ de
sinople symboliserait la
tempérance101 et, selon
Marcel Brion, les divers lions
héraldiques sont issus de lointaines croyances préhistoriques
92. Bien qu'il soit considéré comme le « roi des animaux », le lion est sans autorité sur les
oiseaux. C'est cet antagonisme entre l'
aigle,
seigneur des cieux et symbole du pouvoir impérial, et le lion qui va
motiver le choix de faire figurer l'animal sur des armoiries. La
connaissance du lion par les
Européens remonte au temps où le lion s'étendait autour de la
Méditerranée.
Le lion est le symbole national de l'
Inde, et figure sur ses armoiries sous la forme des lions de l'empereur indien
Ashoka3.
Utilisation commerciale
La figure du lion est utilisée par de nombreuses marques, non
seulement pour le symbole considéré comme positif, mais aussi par
récupération. Par exemple, la marque automobile
Peugeot utilise comme symbole les armoiries de
Sochaux depuis 1847. Ce lion héraldique est déposé en tant que logo depuis
1858. Plusieurs banques utilisent la symbolique positive liée au lion. Le
Crédit lyonnais a un lion pour
mascotte. Le groupe
bancaire ING utilise un logo qui contient un lion orange. Plusieurs lions ont été utilisés pour créer le célèbre logo de
Metro-Goldwyn-Mayer, société de production cinématographique américaine.
Littérature et cinéma
Jean de La Fontaine, imitant
Ésope dans plusieurs de ses
fables, fait du lion un des personnages principaux (notamment
Le Lion et le Rat où le félin, impétueux, est opposé au rongeur, petit, faible mais patient).
Joseph Kessel, en
1958, en a fait un roman :
Le Lion, racontant l'histoire de la fille d'un directeur de parc naturel en
Afrique qui est liée d'amitié avec King, un lion de la réserve et qui se voit demander en mariage par un guerrier
masaï ; ce dernier, pour conquérir son cœur, veut lui montrer sa valeur en tuant un lion qui se trouve être King
3.
C. S. Lewis dans sa saga du
Monde de Narnia utilise le symbole du lion, « roi des animaux », à travers
AslanNote 6, dieu vivant combattant le mal, se sacrifiant pour le salut de son peuple et ressuscitant peu après. Dans l’heptalogie
Harry Potter de
J. K. Rowling,
Gryffondor, l’une des maisons de l’école de
sorcellerie Poudlard,
est représentée par un lion. Ce lion symbolise le courage, la
hardiesse, la force et la générosité, traits de caractère que sont
censés avoir les élèves appartenant à cette maison
104.
Le lion et les noms propres
En
arabe, près de trois cents noms désignent le lion. Une consultation partielle du grand dictionnaire
arabe -
français de
Kazimirski confirme ce nombre. Parmi eux figurent
Assad (’asad, le nom zoologique
Note 8),
Abbas (`abbâs : « sévère, renfrogné ») et
Hamza107. Le
turc connaît les formes
Aslan (nom zoologique) et
Arslan, cette dernière étant aussi la forme
mongole. Ce prénom a donné en
russe Rouslan
108. Le
persan shir est connu par le général
Shirkuh (« lion des montagnes »), oncle de
Saladin, par la médersa Shir-Dor (ou Cher-Dor) (« porte des lions ») à
Samarcande et, avec un élargissement de sens au
tigre en
hindî109, par
Shere Khan, le tigre du
Livre de la jungle.
Que le lion ait l'image d'un animal fort et courageux
110
s'explique par le fait que, jusqu'il y a peu, des hommes de guerre
étaient surnommés par son nom. Parmi les plus récents, le seigneur de
guerre
afghan Ahmed Chah Massoud était appelé par ses partisans le « lion du Panshir », l'empereur
éthiopien Hailé Sélassié se fit appeler le
« lion conquérant de la tribu de Juda ». Si le futur roi de
France Louis VIII fut surnommé « le lion » pour son courage lorsqu'il vainquit les
Anglais à la
bataille de la Roche-aux-Moines, a contrario, pour
Richard Ier d'Angleterre ce ne sont ni sa force ni son courage, mais ses sautes d'humeur qui lui valurent, en
France, d'être surnommé « Cœur de Lion », en référence à l'imprévisibilité de l'animal.